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En 1942, afin de soutenir l’effort de guerre allemand, il est procédé, dans toute la France, à l’enlèvement de statues et monuments en vue de les fondre. Plusieurs statues polinoises ont ainsi disparu.

Monument Gagneur par SyamourLe monument Gagneur, par Syamour.Buste de François-Félix Chevalier, par Max ClaudetLe buste de François-Félix Chevalier, par Max Claudet.Une loi du 11 octobre 1941 dispose qu’« il sera procédé à l'enlèvement des statues et monuments en alliage cuivreux sis dans les lieux publics et dans les lieux administratifs, qui ne présentent pas un intérêt artistique ou historique ».

Elle précise qu’« une commission sera créée dans chaque département pour déterminer les statues et monuments qui devront être conservés, en raison de leur caractère artistique ou historique ».

Cette commission décide, pour Poligny, l'enlèvement pour la refonte de la statue du général Travot (œuvre d’Hippolyte Maindron, 1867), du buste de Chevalier (œuvre de Max Claudet, 1873), du buste de Wladimir Gagneur, avec la précision suivante : le « buste seulement, le bas-relief représentant le vigneron étant conservé » (œuvre de Syamour, 1890), et le buste de la République (également œuvre de Syamour, 1907).

Cette liste correspond à celle qu’avait dressée, dans un courrier adressé au préfet du Jura, le maire de Poligny, dans laquelle était bien mentionné le buste de Wladimir Gagneur, mais omise la statue du vigneron. La raison de l'exception accordée au vigneron par le préfet demeure incertaine.

Enlèvement de la statue du général TravotL’enlèvement de la statue du général Travot.Le 9 mars 1942, une entreprise procède à l’enlèvement de la statue du général Travot sur la place, du buste de François Félix Chevalier, l’historien de Poligny, promenade Croichet, et du buste de la République, au-dessus de la fontaine de la rue Travot.

Le 17 mars 1942, la même entreprise revient à Poligny récupérer les bronzes du monument de la promenade Picquet. Elle procède non seulement au descellement du buste de Wladimir Gagneur, mais s’efforce aussi de récupérer la statue du Vigneron. Son poids ne permet pas de mener à bien l’opération dans la journée et, le lendemain, la statue a disparu. Elle a été enlevée et dissimulée non loin pendant la nuit par des résistants polinois, qui laissent à sa place un écriteau portant la mention « Je suis aux paisseaux » (c'est-à-dire : « Je suis parti couper des échalas pour maintenir les ceps de vigne »).

Buste de la République, par SyamourLe buste de la République, par Syamour.Après la guerre, le 15 juillet 1945, une grande manifestation est organisée : la statue est déterrée, promenée sur un char dans la ville en liesse, avant de retrouver sa place.

Du buste de François Félix Chevalier ne subsiste que le piédestal, sur lequel est gravé le blason de l’historien. 

De même, si la fontaine de la rue Travot existe toujours, le buste de la République ne l’orne plus. Une sculpture de la République, œuvre de Nicole Mériot, a toutefois été inaugurée en 2000, à quelques mètres.

Le général Travot a en revanche repris sa place à l’occasion du bicentenaire de la Révolution. Une copie, œuvre du sculpteur Jobin et réalisée à l’initiative du Club 89, a été inaugurée en novembre 1990.

Source

  • MASSON, Janine. Le vigneron n’aurait pas dû aller aux paisseaux. Revue de l’Association de Sauvegarde du patrimoine polinois, 1992, 7, p. 107-116.