Natif de Vadans, près d’Arbois, Claude Dejoux (1732-1816) est un sculpteur d’inspiration baroque, puis néo-classique. Il a reçu de nombreuses commandes officielles, tant sous l’Ancien Régime que sous la Révolution et l’Empire.
Né à Vadans, commune limitrophe d’Arbois, en 1732, dans une famille modeste, il manifeste très tôt une habileté manuelle certaine. C’est pourquoi sa famille le place chez un menuisier, à Lons-le-Saunier.
Passant par Marseille durant son tour de compagnon, il y découvre l’œuvre de Pierre Puget, grand sculpteur baroque du XVIIe siècle. Tout en travaillant, il suit les cours de l'Académie de peinture et de sculpture de Marseille, et remporte le deuxième prix au concours de sculpture de 1763.
Montant à Paris, il poursuit son apprentissage dans l’atelier de Guillaume Coustou (fils) et débute sa carrière au sein de l’équipe de sculpteurs qui, sous la direction d’Augustin Pajou, est chargée de la décoration de l'opéra du château de Versailles, puis du palais Bourbon.
Soucieux de se perfectionner, il passe plusieurs années à Rome, où il étudie les œuvres des grands maîtres de l'Antiquité, de la Renaissance et de l’art baroque.
De retour à Paris, il devient un sculpteur reconnu : sa candidature à l'Académie royale de peinture et de sculpture est acceptée en 1779 au vu de certaines de ses œuvres, notamment son Saint Sébastien, désormais au musée du Louvre.
Influencée par Jean-Baptiste Pigalle, cette sculpture illustre le goût baroque pour l'exaltation des sentiments, les gestes pathétiques, la distorsion du corps, en même temps que s'amorce un retour vers l'Antique, vers plus de classicisme, qui se confirme dans la suite de son œuvre.
Il sculpte plusieurs œuvres inspirées de la mythologie, parmi lesquelles l’Enlèvement de Cassandre par Ajax, dont un dessin est réalisé par Joseph Marcellin Combette, natif de Nozeroy et installé à Poligny, qui fait alors partie de son atelier.
Dejoux reçoit désormais des commandes de la Cour (statue du maréchal de Catinat, en 1783, toujours visible au château de Versailles) ou de grands (buste de la princesse de Monaco, aujourd’hui au Louvre).
Collaborant, encore, à la décoration de bâtiments royaux (au palais des Tuileries, au château de Rambouillet), il reçoit en 1788 la charge – très recherchée – d'entretenir les sculptures de Versailles et des Tuileries.
Se tenant à l’écart de la tourmente révolutionnaire, il se consacre à son art et entre à l'Institut nouvellement créé en 1795.
La même année, il réalise une statue colossale en plâtre destinée à être fondue en bronze et placée au sommet du Panthéon. Son poids rend toutefois l’entreprise impossible.
Auteur d’un buste d’Alexandre le Grand dont l’Empereur fait l’acquisition pour le château de Fontainebleau, Dejoux reçoit pour commande en 1806 d’édifier une statue du général Desaix sur la place des Victoires à Paris.
Dans le goût du temps, Desaix est représenté en guerrier romain, pratiquement nu. Le modèle en plâtre mesure plus de 8 mètres. Mais Vivant Denon, directeur des Musées impériaux, fait couler en bronze la statue sans consulter l’artiste, ce qui ulcère Dejoux et affecte sa santé.
La statue est détruite sous la Restauration, mais Dejoux n’en reçoit pas moins le titre de sculpteur du roi, ainsi que la Légion d'honneur.
Vers la fin de sa vie, il séjourne de plus en plus souvent à Vadans.
Il meurt en 1816 à Paris et est enterré au cimetière du Père-Lachaise. Par testament, il lègue à sa commune natale une rente destinée à l'éducation des enfants du village et à l’édification d’une fontaine. La place principale de Vadans porte son nom.
Source
- GAILLARD, Jacqueline. Claude Dejoux, un sculpteur franc-comtois. Revue de l’Association de Sauvegarde du patrimoine polinois, 2005, 20, p. 87-94.