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Poligny connut, au lendemain du coup d’État du 2 décembre 1851, une véritable journée d'insurrection : érection de barricades, emprisonnement de notables, marche sur Lons-le-Saunier.

Décrets présidentiels du 2 décembre 1851 Affiche annonçant les décrets présidentiels du 2 décembre 1851.
Paris, Bibliothèque nationale de France.
Née de la révolution de 1848, la Deuxième République a fait naître l’espoir d’une démocratie sociale (suffrage universel, ouverture d'ateliers nationaux destinés à offrir des emplois aux chômeurs…).

Toutefois les partisans du conservatisme et de l'ordre reprennent vite le dessus : ainsi, les ateliers nationaux sont fermés dès juin, et les émeutes qui s’ensuivent férocement réprimées.

La Constitution met en place un Président de la République élu au suffrage universel pour un mandat de quatre ans non-renouvelable – Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, est élu en décembre 1848, aux côtés d’une Assemblée nationale.

Les mesures réactionnaires adoptées par l’Assemblée dominée par les conservateurs, couplées à la persistance de la crise économique et sociale, nourrissent l’effervescence chez les démocrates, les socialistes.

Ne parvenant pas à obtenir de l'Assemblée la révision constitutionnelle qui lui permettrait de briguer un second mandat, Louis-Napoléon Bonaparte recourt au coup d'État, le 2 décembre 1851.

La résistance républicaine s'organise à Paris, vite matée par l'armée, et surtout en province, dans les grandes villes mais aussi dans un certain nombre de petites communes.

La nouvelle du coup d’État parvient à Poligny le 3 décembre. Des rassemblements se produisent dans les rues de la ville. Les chefs républicains, dont les plus connus sont Bergère, pharmacien, et Lamy, avocat, s'indignent de la violation de la Constitution et envoient des messages aux villes et villages voisins.

L'émeute éclate. Les insurgés polinois, auxquels se joignent bientôt des groupes venus des campagnes voisines, dressent des barricades dans la Grande Rue, assiègent et occupent la sous-préfecture et la mairie. Le sous-préfet, le maire et d’autres notables sont emprisonnés. Bergère et Lamy s'autoproclament, l'un sous préfet, l'autre maire de Poligny.

Affiche républicaine à Poligny le 4 décembre 1851Affiche républicaine apposée à Poligny le 4 décembre 1851.
© Archives départementales du Jura

Au matin du 4 décembre, une colonne composée de quelques bourgeois, d'artisans, d'ouvriers et de paysans se dirige vers la préfecture. En route, elle grossit d'hommes armés de piques, de haches, de quelques rares fusils. Elle compte environ 300 hommes quand elle arrive à Plainoiseau. Là, elle se heurte aux gendarmes venus de Lons qui mettent la troupe en débandade.

Sentinelle du Jura du 7 décembre 1851 Le récit des « troubles » de Poligny dans le quotidien conservateur La Sentinelle du Jura.Cet échec, la nouvelle du succès du coup d’État à Paris, l’annonce de l’arrivée de forces armées en provenance d'Arbois et de Salins, entraînent un rapide retour à l’ordre. Le sous-préfet et le maire sont libérés, les rues remises en état et, quand les troupes entrent dans Poligny, elles trouvent une ville calme.

Dès le 6 décembre, elles quittent la ville. Toutefois, comme Paris et un certain nombre de départements, le Jura est mis en état de siège, et la municipalité est chargée de dresser la liste des émeutiers.

Une commission militaire siégeant à Lons prononce de nombreuses et sévères condamnations : déportations en Algérie, transportations à Cayenne, expulsions, internements, placements sous surveillance policière.

Les trois quarts des condamnations prononcées concernent Poligny et les villages avoisinants. Il est vrai que Poligny est la seule ville du Jura à avoir réagi aussi spectaculairement à l'annonce du coup d'État.

Source

  • GAILLARD, Jacqueline. Poligny et le coup d’État du 2 décembre 1851. Revue de l’Association de Sauvegarde du patrimoine polinois, 1996, 11, p. 99-107.